Lettre de Toulouse manifestation du samedi 21 février 2015
Ça commence bien ! on débouche du métro pour le RV à la station Capitole, les flics attendent tous ceux qui arrivent par là pour la manif. Fouille au corps. « Avez-vous quelque chose d'illicite ? » c'est toujours amusant d'apprendre que la possession d'un masque de plongée, de citrons ou de collyre pour les yeux est "illicite" et suspecte au point que les policiers vous retirent les lunettes de plongée en vous invitant fort courtoisement à venir les chercher le soir au commissariat soit après la manif.
Au sortir du métro les flics sont là avec leurs foulards, leurs casques et leurs boucliers. Ils ne sont pas forcément en tenue puisqu'il s'agit de la BAC. La foule des manifestants n'est pas très dense, le temps est à la pluie et a certainement douché quelques ardeurs un peu superficielles. Il y a les plus mordus – résidents de la ZAD sans doute mais pas seulement vu le nombre important – qui sont là avec tant de banderoles qu'ils proposent au départ de la manif à certains d'en prendre quelques unes car ils ne sont pas assez nombreux pour toutes les prendre. On écope d'une d'entre elle mentionnant : « Ne prévoient-ils pas de vivre sans terre ? » Il y en a une qui envoie : « nous sommes Rémi Fraïsse » assurée de faire l'unanimité. Durant toute la manif on entendra beaucoup de « Rémi : ni oubli ni pardon » Il est clair que le meurtre de ce garçon est ancré dans les mémoires. Avec le lot de manipulation et de mépris de la part du pouvoir auquel nous avons eu droit.
La manif s'ébranle et on peut dire qu'il y a entre 600 et 1000 personnes. Beaucoup sont de la frange la plus radicale : un gros noyau de gens masqués et densément soudés au milieu du cortège. Peu de drapeaux : ceux du NPA, les quelques militants de ce parti sont très faciles à compter puisque tous ont soit un drapeau de leur parti soit une étiquette NPA collée sur un vêtement. Deux drapeaux noirs et rouges et pas mal de banderoles aux connotations anarchistes ou dans la lignée de l' Encyclopédie des Nuisances.
Le déroulement de la manif fut assez ennuyeux. Les slogans du NPA lancés par une militante pourvue d'un mégaphone étaient assez peu repris. Manifestement, on n'était pas venu pour se gaver de revendications ou de gueulantes. Quelques-uns avaient de quoi enlever les nombreuses pubs qui parsemaient le parcours dans les abribus et autres panneaux publicitaires et mettaient à la place des affiches à contenu subversif.
La manif arriva à ce qui semblait être le terme officiel : un espèce d'arc de triomphe. Et là, plutôt que la dispersion prévue, les affrontements ont commencé. Des flacons de peinture ont été jetés contre ceux de la BAC qui avaient flanqué la manif à sa gauche et à sa droite tout le long du parcours. Qui répliquèrent immédiatement en envoyant des grenades lacrymos et assourdissantes sur le groupe d'où venaient les projectiles colorants. Le reste a été plus confus : les cars de la Police Nationale étaient garés pas très loin. Et les lacrymos ont donc volé – ...mais en cloche ! N'ayant pas été aux avant postes nous n'avons pu que constater après coup que des vitrines avaient volé en éclats. Avec un discernement remarquable : Vinci – le célèbre bétonneur ! – HSCB la banque des stars et des roublards qui mettent leurs millions en Suisse, et d'autres.
Le soir, on apprend que les groupes les plus « combatifs » s'étaient déplacés devant le Palais de Justice où des affrontements violents ont eu lieu et des arrestations en grand nombre ( une quinzaine, dit-on ) ont été opérés. La manif aura donc débouché sur des combats de rue entre opposants et police. Nous ne savons pas trop quel objectif – hormis l'affrontement lui-même – poursuivaient ceux qui se sont coltinés les flics. Beaucoup parmi les manifestants n'étant pas préparé, et n'ayant probablement pas le goût à ça non plus, n'y ont pas participé. On peut dire que si nous comprenons tout-à-fait la hargne que ceux qui y étaient ont pu mettre sur le site du Testet – ou ailleurs – pour retarder l'avancée des flics et surtout des appareils à défricher, nous avons du mal à voir en quoi ces affrontements avec la police peuvent faire avancer le combat contre le bétonnage, la destruction des terres agricoles et même le capitalisme dans sa totalité.
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23 novembre 2014
La ZAD du Testet a mis en évidence, une fois de plus, le problème de la communication et celui de la violence dans l'opposition à l'ordre social. [ lire document au dessous du texte ]
Dans la plupart des médias, dans les conversations, les opposants "radicaux" sont qualifiés de "violents" ; il est courant d'entendre que la violence fait 'obligatoirement' partie de la "radicalité". Si des gens mettent en cause le système dans sa globalité alors ils affronteront la police et certains penseront même que, s'ils n'envoient pas cocktails, cailloux ou autres projectiles contre les flics alors ce sont des contestataires tout à fait fréquentables avec lesquels l’État doit pouvoir discuter et surtout négocier.
Il faudrait consulter les faits pour combattre cette idée. Les agriculteurs de la FNSEA sont-ils des 'radicaux' ? veulent-ils vraiment changer le monde ? Évidemment non ! Pourtant ils déversent leur purin devant des préfectures, massacrent des ragondins, cassent des portiques d'identification, mettent le feu à des bâtiments publics. Autant d'actes violents ! Les nervis 'cagoulés' qui sont venus au Testet début septembre pour matraquer les zadistes qui s'y trouvaient et ont détruit leur lieu de vie à coups de barre de fer afin qu'ils n'y reviennent plus ne l'étaient pas plus. Cette violence-là n'a, d'ailleurs, guère été diffusée par les médias car elle n'entre pas dans le cadre typique de la violence qui, pour avoir une réelle existence 'spectaculaire', doit être associée à une forme quelconque de radicalité. La violence des agriculteurs de la FNSEA c'est le ras le bol ( bien compréhensible pour certains ou plus dur à admettre pour d'autres ) et ça rentre dans le cadre du 'normal' même si c'est considéré comme un peu excessif. Par contre, la violence contre le système, c'est la vraie, celle que les médias aiment bien relever comme telle car il ne s'agit plus d'un ras le bol mais d'une conviction qui prend forme. On peut aussi remarquer que la violence des agresseurs cagoulés à l'encontre des occupants de la ZAD allait de concert avec celle des flics présents sur le site ( il se pourrait bien qu'il y ait un lien entre le silence médiatique et la 'symbiose' entre ces assaillants et la police : l'image sordide du gang qui 'travaille' main dans la main avec la police est un peu trop dure à avaler pour le spectateur moyen )
A l'inverse, ceux qui occupent pacifiquement une zone humide au Testet s'opposent radicalement à l'ordre capitaliste qui détruit le monde. Il faudrait quand même insister sur un fait simple : les opposants n'ont pas agressé les ouvriers venus pour couper les arbres. Ces ouvriers n'étant pas venus pour affronter les opposants, leurs chefs ont mandé la police pour faire le travail pour lequel celle-ci est constituée : expulser les gêneurs manu militari et permettre le massacre de la forêt. C'est même au moment où cette violence ( érection de barricades en flammes pour empêcher les flics d'avancer dans la zone ) a été déclenchée début septembre suite à l'arrivée des bûcherons que les médias se sont précipitamment saisis de l'affaire du Testet qu'ils avaient jusque là presque totalement ignorée.
Il y a bien sûr dans cette identification entre violence et radicalité une ignorance du sens des mots et surtout de la radicalité : l'anticapitalisme qui fait l'unanimité sur la ZAD peut être qualifié de radical car il affronte le capitalisme avec détermination et cohérence. Mais ceci ne veut pas dire que ce combat doit se faire avec des jets de cocktails Molotov. La violence est une question de stratégie. Les thuriféraires les plus avisés de l’État le savent bien qui l'utilisent quand elle peut servir sa cause tout en se réclamant de la 'paix civile' en temps ordinaire...
L'ennui, c'est que, quand ceux qui sont attachés à défendre le pouvoir ont en tête cet amalgame entre radicalité et violence ils vont tout faire pour que les opposants radicaux – au cas où ils auraient 'oublié' d'être violents – finalement le deviennent. Un exemple simple est donné par l'attitude de la police qui agresse des manifestants pacifiques [1] mais déterminés afin de provoquer les affrontements qui feront apparaître la violence et régleront la réalité sur leur présupposé de départ, à savoir que ces manifestants sont par essence violents. Ce qui arrange bien la police, c'est qu'elle est assurée que sa propre violence sera presque toujours invisible des médias. L’État étant le seul qui puisse utiliser la violence sans qu'on puisse le lui reprocher. La violence de l'Etat est ...légale ! Exception tout de même quand il y a mort d'homme. Et malheureusement ce fut le cas au Testet.
Le but pour le pouvoir est d'obtenir une situation-modèle où le plus grand nombre constate qu'il y a des 'casseurs' (ou 'fouteurs de merde') d'un côté et des 'forces de l'ordre' de l'autre. C'est pour cette raison que l'on s'est ingénié à rendre violents ceux qui, a priori, ne l'étaient pas dans les manifestations de protestations qui ont suivi la mort de Rémi F.
Des zadistes de NDDL ont écrit dans un article du Monde avoir utilisé – entre autres – la violence pour contenir les flics venus les expulser.
Pour certains analystes ( ils peuvent se revendiquer de la gauche comme de la droite, peu importe ! ) c'est la frontière à ne pas franchir. Qu'ils se parent de leur non violence – ou de leur pacifisme selon le cas – c'est faire peu de cas de tout ce qui a été fait par les gens de la ZAD en dehors de cette violence. Il ne faudrait pas oublier que c'est grâce à eux que l'aéroport n'a maintenant que peu de chance d'être construit. On voudrait les marginaliser par tous les moyens à cause de leur violence [2] mais, ce faisant, on réduit tout ce qu'ils ont fait à celle-ci sans considération de leurs actions politiques : la dénonciation de la mafia politicienne (de gauche comme de droite), la mise en évidence de la collusion du journalisme avec l'ordre social. Sans évidemment parler de l'occupation des terres, des diverses cultures qui ont été faites sur la ZAD - parfois détruites par les 'forces de l'ordre' - etc. En fait, là encore, la violence n'est qu'un des aspects du rejet des zadistes par ces gens-là, c'est bien leurs positions et leurs actions politiques radicales qui posent vraiment problème.
B. Lefetey le dit très bien : les ouvriers qui sont venus au Testet pour couper les arbres ont eu devant eux des gens qui leur ont dit : "nous ne vous laisserons pas faire !" C'est bien là toute la différence avec ceux qui se bornent et font une confiance démesurée aux multiples recours juridiques, à la protestation institutionnelle ou médiatique. "L'attitude de l'Etat leur a donné raison", dira-t-il dans une entrevue [3]. Dans la position des "zadistes" il s'agit de se mettre personnellement et directement en opposition avec le pouvoir. C'est ce qu'on a théorisé sous le nom d' "action directe" il y a bien longtemps [4] Dans ce contexte ne pas être d'accord implique une opposition y compris physique. S'il y a quelque chose qui est revenu dans le champ social ces dernières années, c'est bien cela. .
Ceci étant, la violence reste une affaire de stratégie. En aucun cas, elle ne doit être une espèce de fin en soi, comme le revendiquent certains [5]. La résistance aux coupes d'arbres au Testet a amené à construire des barrages sur la route et à les enflammer pour empêcher les bûcherons de faire leur travail. Tout ça était un moyen en vue d'une fin qui était d'éviter la dévastation de la zone. L'affrontement perpétuel avec les CRS et gardes mobiles surarmés ne peut être une stratégie porteuse. On constate d'ailleurs qu'à Notre Dame des Landes les zadistes appellent à des manifestations pacifiques contre les violences policières car certains opposants ( même très convaincus ) craignent d'être embarqués dans une violence croissante et impossible à assumer.
La violence dans une manifestation ou sur une ZAD n'est pas la 'guerre totale', faut-il le rappeler ? Il y a, d'une part, une disproportion énorme entre les moyens de la police et ceux dont les opposants peuvent disposer. D'autre part, il n'est pas question de la part des opposants de tuer des gens ni de les estropier. En l'état actuel des choses [6], ce serait terrible d'en arriver à de telles extrémités et on ne voit pas d'opposants au capitalisme qui pourraient en disconvenir [7]. On a entendu de la part de certains manifestants des slogans du type "un bon flic est un flic mort". Il faudrait savoir garder la mesure et les pieds sur terre. On peut éprouver de la haine après l'assassinat de Rémi F., mais ...devrions-nous être, nous aussi, des assassins ? L'alternative serait plutôt d'utiliser des subterfuges pour empêcher ( physiquement si nécessaire ) les suppôts du système de faire leur travail et de conquérir des espaces de liberté.
Notons enfin que le combat contre le capitalisme se déroule dans le contexte très particulier de la société 'démocratique'. Les libertés individuelles et collectives sont en partie assurées malgré toutes les injustices et incohérences constatées. Ce qui signifie que chacun peut avoir des droits à faire valoir. Ce qui n'est pas négligeable : nous ne vivons pas dans le Chili de Pinochet, sous le régime de Franco ou sous l'occupation nazie. Ceci étant dit, bien qu'on ne cesse de constater que les droits de la police sont 'tacitement' bien plus grands que ceux des opposants [8]
Au moment où monte l'indignation devant un système où l'on est amené à "tuer pour la croissance" [9] un mouvement d'opposition radicale est en train de naître. Même le Figaro [10] - pourtant si myope à cet égard - s'en rend compte. On ne peut que lui souhaiter toute la lucidité nécessaire pour croître et être efficace.
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Extrait du livre "le goût de l'émeute" à propos des manifestations en France contre l'assassinat de l'anarchiste Francisco Ferrer par l'Etat espagnol en 1907.
1_ Pour celle de Toulouse le 8 novembre 2 014 lire la lettre sous les notes.
2_ « L'action directe dégage donc l'être humain de la gangue de passivité et de non vouloir en laquelle tend à le confiner et l'immobiliser le démocratisme. Elle lui enseigne à vouloir au lieu de se borner à obéir, à faire acte de souveraineté, au lieu d'en déléguer sa parcelle. » ( Emile Pouget, 1904).
3_ https://www.ensemble-fdg.org/content/sivens-interview-audio-de-ben-lefetey
4_ Y compris par la calomnie la plus évidente ( confer les propos de Mme Suzanne Georges, ATTAC )
5_ Mathieu Burnel dans une émission TV très visitée sur Internet.
6_ « La violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris » Nous n'en sommes pas à la situation évoquée ici par cette citation de Albert Camus.
7_ On ne peut en dire autant du pouvoir ; on ne peut oublier les dires de M. Rocard sur la Grèce. Celui-ci déclara qu'il faudrait un régime militaire pour assurer la pérennité du système vu la situation économique et sociale désastreuse du pays. Un tel régime ne pourrait aller qu'avec son lot de violences d’État mais M. Rocard n'en a cure puisqu'il faut, avant tout, sauver le système... Ce monsieur voit les choses en grand, c'est un homme d'Etat !
8_ Les agresseurs cagoulés des zadistes contre lesquels il a été déposé plainte courent toujours plusieurs mois après ; alors même que plusieurs zadistes et beaucoup de manifestants ont eu des condamnations en justice pour bien moins que ça.
9_ TUER POUR LA CROISSANCE _ Tribune pour une organisation entre les ZAD et contre les violences policières par le groupe MARCUSE.
10_
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Lettre d'un maire qui tente d'expliquer (à sa façon) la situation dans les Zones A Défendre ...et quelques commentaires.
12 janvier 2015
Le Billet du Maire (Com'Info janvier 2015, Avignonet-Lauragais)
Et nos commentaires
Et si c'était tout le système démocratique qui partout dans le monde était en panne ?
La Tunisie, 50% de jeunes composent sa population et 50% de ces jeunes ne votent pas ! Ils ont pourtant une république nouvelle à consolider pour l'éloigner de l’extrémisme religieux.
« une république nouvelle pour l'éloigner de l’extrémisme religieux ».Vous estimez que tel doit être l'objectif des jeunes tunisiens. Étrange façon de concevoir la démocratie. Pourquoi faudrait-il qu'ils aient la même idée que vous des priorités politiques ? C'est peut-être à eux de réfléchir et d'établir leurs priorités ? Mais est ce que ceci vous a effleuré l'esprit ?
La Hongrie, pouvoir confisqué par l'extrême droite qui, jour après jour, dresse par la Loi une barrière antidémocratique privant le peuple de tout recours.
La Syrie, un dictateur amène son peuple à la mort pour simplement garder un pouvoir qui ne signifie plus rien.
Le Mexique, la Colombie, le Pérou où règne le cruel pouvoir des narcotrafiquants qui tuent, massacrent, violent sans se soucier des pouvoirs politiques soit corrompus, soit impuissants.
« Sans se soucier » ? vraiment ? Votre conception de l'État : soit « corrompu » soit « impuissant ». Soit ils ne sont pas capables de faire leur travail qui est de défendre l'intérêt général (impuissants) soit ils en sont indignes (et se remplissent les poches). Ces États (tous les États) ne seraient-ils pas plutôt ce qu'ils ont toujours été : une clique agissant en pleine complicité avec les puissants ? Préoccupée de gérer au mieux la situation en fonction de leurs intérêts sur le long terme. Vos certitudes pourraient bien chanceler ...si vous daignez regarder la réalité en face bien sûr.
La Chine, la Corée du Nord, l'Arabie Saoudite, l'Algérie, la Russie, on pourrait allonger la liste à l'infini où toute démocratie (le pouvoir au peuple) est bafouée.
Et en France alors ? Les exemples se multiplient où un pouvoir parallèle se substitue au pouvoir démocratiquement élu. Ainsi s'insinue le poison qui mine les démocraties les mieux installées. A qui doit appartenir le pouvoir de faire ? A des élus démocratiquement élus ou à des groupuscules représentant une infime minorité ? Est-il sain que de grands projets d'infrastructures d'intérêt national ou régional mûrement réfléchis, bardés d'avis de nombreux experts soient ajournés, abandonnés ou remis en cause par d'infimes minorités relayées par un monde médiatique avide de ce genre de blocage ? Où est la démocratie dans ce genre de situation ?
Est ce de l'aveuglement ou une volonté délibérée de négliger tout ce qui vous dérange ? Il n'y a aucun « pouvoir parallèle » qui se substituerait à l’État. Il y a des opposants qui font de leur mieux pour se faire entendre et ...s'opposer à des projets de constructions. Notez bien que les fameux experts dont vous parlez – et particulièrement au Testet – ont abondamment montré que les projets que vous évoquez 1_sont remplis d'anomalies juridiques 2_ ils dilapident indûment les fonds publics et 3_ ils sont contraires aux principes environnementaux que l’État lui-même a érigés. Quant au relais qu'offriraient les médias à ce pseudo pouvoir parallèle ? Ça ne peut que faire exploser de rire tous ceux qui savent que les médias ne parlent de Notre Dame des Landes ou du Testet que quand il y a de la violence et que les choses tournent mal, très mal. Quelle était la place du Testet dans les médias avant la mort de Rémi Fraisse ? Quasi nulle. Et pourtant que de violences y a-t-il eu... de la part de la police envoyée par M. Carcenac et le préfet. Violences produites souvent dans le plus grand mépris des principes érigés par l’État d'ailleurs.
Dans le passé national, nous avons connu l'anarchie et les anarchistes qui ont tenté de se substituer souvent par la violence au pouvoir démocratique. Nous avons connu le populisme, le poujadisme, le boulangisme, autant de concepts en "isme" qui s'abritaient quand même derrière une philosophie, une pensée.
Parlons en de la violence. Oublierez-vous que le système républicain que vous semblez défendre ici a été bâti sur une révolution violente, le meurtre du Roi et d'innombrables opposants au changement notamment ? « Allons enfants de la patrie … Aux armes citoyens, … qu'un sang impur abreuve nos sillons ! » ça vous dit quelque chose ?
Aujourd'hui, c'est l'écologie dévoyée de son corpus idéologique qui sert d'instrument aux minorités qui s'opposent aux décisions d'élus. Plus moyen de construire une autoroute, un aéroport, un lac, un tunnel, une tour, un parc éolien ou photovoltaïque, une ligne électrique haute-tension etc... etc... sans que se créent aussitôt des "collectifs" pour défendre un oiseau, une grenouille, une herbe, une zone humide rejetant les élus dans le camp des pollueurs, des destructeurs, des ignorants. Par la magie de l'Internet et par les ravages du chômage, ces "collectifs" forts d'une vingtaine de membres se retrouvent par de simples clics sur la toile des centaines à se retrouver sur un site pour mener la lutte.
L'écologie dévoyée est un vrai problème bien sûr. Mais pas au sens où vous l'entendez. Ce qui semble le plus important pour vous, c'est que les élus agissent et que les autres se taisent et obéissent. Vous n'êtes pas un élu pour rien. C'est probablement ce qui vous sépare de ces « collectifs » que vous détestez. En passant, vous pourriez vous demander de quel coté était la loi le 14 juillet 1789 ? Bref si ces collectifs défendent les ruisseaux, les grenouilles et les zones humides qui n'ont pas grand prix à vos yeux, c'est probablement parce que les élus comme vous ne les défendent pas. Quant à la magie de l'Internet je suppose que vous préféreriez que le système soit muselé comme l'a décrit E. Snowden. Et le chômage, vous croyez vraiment qu'il génère les révoltés comme l'humidité génère les champignons ? Vous n'avez pas plutôt le sentiment que les gens pensent et qu'ils pensent même que le monde tel qu'il est est une catastrophe dont vous êtes les gestionnaires appliqués et patentés. Ce qui pourrait expliquer qu'ils viennent par centaines...
La faiblesse des élus, les atermoiements du pouvoir font, qu'en France, il est désormais impossible de mener à son terme un grand projet d'infrastructure. Jusqu'où cela ira-t-il ? Mystère. Méfions-nous quand même que ne se situe pas là le lit le plus douillet de l'extrémisme de droite qui de tout temps a fait de l'autorité, de l'ordre ses plus efficaces agents électoraux.
Et allons-y du couplet tant rebattu depuis 2002 de l’extrême droite à laquelle il faut barrer la route. En faisant quoi ? En bâtissant un pouvoir fort qui pourra mettre en déroute les opposants aux grands projets d'infrastructures. Toujours le même aveuglement : aucune question sur le fond. A quoi ça sert ? Peut-on faire autrement ? Ne ferions-nous pas fausse route ? Non, vous voudriez aller toujours dans le même sens. Réaliser les projets quelque soit l'opposition puisque vous l'avez décidé. Avec vos experts bien choisis et vos firmes locales ou transnationales. En balayant l'opposition. Selon vous quand les gens veulent s'occuper directement de leurs affaires c'en est fini de la démocratie. C'est probablement la grande différence avec ceux qui défendent les territoires de Notre Dame des Landes, du Testet, de Roybon ou d'ailleurs. On parierait qu'ils pensent exactement le contraire.
Jean-François P. Aristide D.
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Lettre reçue après la manifestation :
Manifestation non autorisée du 8 novembre à Toulouse sur la place Jean Jaurès.
La station Jean Jaurès étant bloquée pour « notre sécurité », nous sommes arrivés sur les lieux avec bien des difficultés. Descendus au Capitole, une horde de Gendarmes mobiles, d’hommes de la BAC, et des CRS étaient présents pour nous accueillir. Une vingtaine de gendarmes formidablement équipés étaient occupés à protéger les banques de la place Jean Jaurès. D’après certains manifestants, l’accès à la place à partir de la station Marengo SNCF était minutieusement contrôlé avec des fouilles des sacs et des contrôles d’identité. Les gendarmes se sont également permis de sermonner des manifestants en leur rappelant l’illégalité du rassemblement.
Une fois sur les lieux, une minute de silence a été effectuée en hommage à Rémi Fraisse. Ce jeune homme a été lâchement abattu par les forces de polices dans des circonstances qui restent encore floues. Ensuite, plusieurs discours ont été prononcés, les manifestants discutaient, les musiciens jouaient de leurs instruments, etc. ce qui laissait penser que la manifestation se déroulerait dans le calme.
Un représentant du NPA a appelé les manifestants à rejoindre la Médiathèque suite à une « autorisation de la préfecture ». Le mouvement a donc suivi. Derrière, des manifestants se faisaient « aimablement » pousser par les forces de l’ordre pour qu’ils avancent. On pouvait observer des pancartes, et entendre des chants, des slogans,… jusqu’à ce que la tête de la manif soit stoppée net par un barrage de CRS. Toutes les issues se sont retrouvées bloquées, nous étions comme du bétail dans un enclos, et malgré le fait qu’on se soit retrouvés prisonniers, l’ambiance est restée pacifiste. Des clowns ont joué de la musique et dansé dans une ambiance festive face aux murs de CRS impassibles. Des bruits de pétards se faisaient entendre au loin et à ce moment, les CRS ont commencé leurs manœuvres en faisant reculer de force le cortège. Une fille est venue nous distribuer du citron et du sérum physiologique, en prévision des affrontements qui semblaient inévitables.
On a vu un projectile lancé sur les CRS, et à partir de là, les CRS ont commencé à jeter une grande quantité de gaz lacrymogènes dans le cortège sans distinction. Ceci a provoqué un mouvement de panique parmi les manifestants. Les hostilités étaient lancées. Nous avons dû escalader des grillages pour éviter les gaz car nous étions encerclés par les forces de police. Ils ont fini par réussir à confiner la plus grande partie du cortège. Un manifestant assis par terre, entouré par d’autres, souffrait après avoir été fortement exposé aux gaz lacrymogènes. Peu après, nous l’avons retrouvé en train d’expliquer à un CRS qu’il s’était interposé au gaz lacrymogène pour protéger un enfant. Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase que le CRS lui a gazé une fois de plus le visage à bout portant. Le mécontentement général s’est fait entendre, des huées et des projectiles ont été lancés. Les CRS nous ont chargés à coup de bombe à gaz sur une petite distance pour finalement regagner leurs positions.
Nous nous sommes donc retrouvés isolés, bloqués par les CRS. De là où nous étions nous avons pu voir une grande quantité de grenades lacrymogènes déferler sur les manifestants en peu de temps. Ils étaient totalement encerclés et bloqués à ce moment-là. Puis, quelques détonations violentes ont été entendues. Elles n’avaient rien à voir avec des projections de grenades lacrymogènes.
Vers 18h30, les forces de police commencent à quitter les lieux, nous permettant ainsi de circuler librement. Une quantité impressionnante de palets de grenades lacrymogènes étaient au sol ainsi qu’un reste de grenade assourdissante. Cette dernière a été trouvée près de la voiture, soit disant enflammée par les manifestants. Les accès au métro et bus ont été fermés suite à la décision du préfet. Nous avons donc décidé de rester en ville, comme beaucoup d’autres manifestants. Sur la place du Capitole, un groupe cagoulé déterminé défile en direction d’Esquirol, où se trouvent de nombreux commerces et de nombreuses banques. On finit par suivre le mouvement comme beaucoup d’autres passants curieux de voir autant de détermination et d’organisation. Le groupe passe à l’acte et renversent des poubelles, casse des vitres et des distributeurs automatiques. A l’arrivée des CRS, le groupe se disperse très rapidement. Les forces de l’ordre, prises au dépourvu, ont gazé les rues adjacentes sans distinction. Des passants pris de panique, sont touchés. Six camions ont ensuite progressé jusqu’au pont neuf pour, au final, revenir sur leurs pas car le groupe avait disparu. C’est sur cette touche de finesse que c’est terminé pour nous cette journée qui nous aura laissé un sentiment d’injustice et de rancœur.
Pour ce qui est des grands médias qui ont traité le sujet, les chiffres cités sur le nombre de manifestants étaient largement faussés. Selon eux, entre 300 et 500 personnes ont été présentes alors que plus de 1500 personnes étaient là. De plus, les manifestants ont été considérés comme violents alors que de nombreuses fois, la foule a crié : « Nous sommes pacifistes ». L’ambiance générale était effectivement pacifiste et ce sont les forces de l’ordre qui ont lancé les hostilités pour soit disant disperser les manifestants tout en les encerclant, ce qui est contradictoire... Les attaques policières ont été particulièrement violentes et disproportionnées. En réalité, le but de la police n’était pas de disperser la foule mais de nous dissuader par la violence de reproduire ce genre de mouvement.