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  été 2012

légèrement remanié en avril 2013

 

« Annoncé depuis un demi siècle par un nombre croissant d'oiseaux de mauvais augure, bientôt repris par la cohorte des experts en environnement, le désastre est désormais officialisé par les climatologues de l'ONU.

L'état d'urgence planétaire est décrété....il est qualifié selon les contextes de 'crise énergétique', ou de 'crise environnementale'. Les deux sont résolus au moyen du 'développement durable' que vendent à l'unisson les politiciens, les industriels et la bonne conscience citoyenne. Partout retentit l'injonction à l'efficacité énergétique, à l'optimisation des comportements, à la consommation responsable. »

Frédéric GAILLARD « Le soleil en face »

 

 

 

'Transition énergétique',

'Après pétrole', Villes en Transition...

ou

L'histoire d'un leurre.

 

 

Le 15 mai 2 012 se tenait à Béziers un ensemble de conférences et de débats intitulé « L'après pétrole, c'est aujourd'hui. ». Les intervenants devaient s'intéresser selon la présentation distribuée par les organisateurs aux raisons qui ont poussé certaines villes et territoires à faire le choix de l’agenda 21 comme outil privilégié du développement durable, ou qui ont placé la Transition au cœur de leur modèle de développement pour les villes en transition.'' [a] Un des buts étant de constituer un comité 'Béziers en transition' comme il y a un 'Frontignan en transition', etc...

En lisant les 'qualités' de ceux qui prenaient en charge l'événement, on constatait l'expertise des intervenants : consultant en management ! Urbaniste ! Ingénieur en développement durable ! Ingénieur en énergie ! Seul un cafetier faisait exception.

Alors donc, ...l'après pétrole, c'est aujourd'hui ?

 

I. Agenda 21 et RIO, les États et leurs préconisations.

 

L'agenda 21 est donc un ensemble de 'recommandations' faites lors d'une rencontre entre les représentants de plusieurs États. Il se présente comme « un plan d'action » et décrit « les secteurs où le 'développement durable' (expression devenue incontournable dans les discours des politiques gouvernementales - NDA) doit s’appliquer dans le cadre des collectivités territoriales ». Celles-ci sont appelées, dans le cadre du chapitre 28 de l’Agenda 21 de Rio, à « mettre en place un programme à leur échelle, intégrant les principes du développement durable », à partir d’un « mécanisme de consultation de la population. »

Valorisation explicite de la 'démocratie' : on va consulter la population. On reconnaît la tendance récente de tous les pouvoirs à vouloir faire participer les populations à leurs politiques. Une certaine désaffection du public à l'encontre des politiques suivies est sans doute à l'origine de cette volonté de (re)conquête... Il faut quand même noter que ce sont bien les organisations institutionnelles qui sont censées agir et gérer la situation tout en faisant 'participer' la population, qu'il n'est aucunement question de mettre de côté les pouvoirs institués au profit des populations qui s'exprimeraient directement et "gèreraient" directement.

On peut se demander pourquoi les orgnisateurs et promoteurs de 'Béziers en transition' vont chercher de telles analyses et engagements dans les conclusions d'une conférence entre des États qui ont montré leur incurie pendant si longtemps avant et après la conférence de Rio de 1 992. Pourquoi donc partir de ces recommandations ? Qu'ont-elles de plus intéressant, de plus réaliste surtout – eu égard à la dégradation galopante du monde depuis 1 992 - que ce qui a déjà été dit par les mouvements de protestation depuis les années 60 et contesté par ceux-là mêmes qui proclament – depuis quelques années seulement - un alarmisme sans conséquence ? [b] Ces mouvements d'opposition aux politiques des divers États qui ont porté la critique à un moment où les pouvoirs n'avaient pas engagé d'action ni même parfois la moindre réflexion sur le sujet. [c]Decharge-S.jpg

Il faut répondre que, selon les initiateurs du colloque de Béziers et les promoteurs des villes en transition, la solution aux problèmes 'écologiques' – malgré l'énormité des dégradations (on pense à Fukushima et à la contamination radioactive de la chaîne alimentaire mais aussi aux 'continents' de plastique dans les océans, etc...) - pour eux donc les structures sociales et les États existants sont incontournables et constituent la seule voie pour remédier aux problèmes posés par le développement industriel qu'ils gèrent depuis deux cents ans. On dit bien que les gens doivent être consultés mais ce sont les collectivités locales existantes qui devront prendre en charge cette concertation. Ce qui peut évidemment poser problème vu la longue habitude qu'ont ces institutions de par le monde à se passer de l'avis des gens et de leur consentement, à se contenter d'être élues de temps en temps. Chaque État est donc dans ce cas maître du jeu, les structures économiques dont celui-ci est le 'protecteur patenté', auront toute chance de prévaloir en cas d'opposition comme c'est le cas depuis que le système existe. Les États - et pas seulement dans les systèmes non démocratiques - donneront les limites qui leur conviendront à l'organisation de cette 'consultation' des populations ; celle-ci devient donc un adjuvant et un supplément d'âme tout-à-fait avantageux pour l’État - et l'ordre socio-économique ambiant - qui saura garder tous les moyens pour veiller au non dépassement des limites qu'il aura consenties. On se rappelle l'exemple des CNDP (Commissions Nationales de Débats Publics) en France. Il s'agit d'un mécanisme de consultation des populations sur des sujets dits 'de société' : le ministère de l'économie a organisé une consultation en 2009 sur les nanotechnologies ** - il serait du reste plus juste de dire : a financé des organismes privés pour le faire - dans laquelle tout était ficelé d'avance. En disant, par exemple, en préambule qu'on ne devait pas être pour ou contre les nanotechnologies mais ...qu'on pouvait apporter des aménagements à leur production et leur commercialisation. En engageant des moyens énormes (sociétés privées spécialisées dans les relations publiques ...c'est à dire dans la manipulation de l'opinion) pour canaliser la discussion excluant ainsi tout type de critique et de discours qui s'opposeraient fondamentalement à la fabrication et à l'utilisation des nanotechnologies. Nous ne pouvons donc qu'être très sceptiques sur ces mécanismes de consultations ; nous pensons que seuls des mouvements de protestation peuvent parvenir à 'imposer' un point de vue partagé par une part agissante et critique de la population. Les exemples de l'opposition aux OGM en 2000 ou aux gaz de schistes en 2011 sont - de ce point de vue - probants. Ils sont parvenus à l'interdiction des OGM dans un cas et de la fracturation hydraulique dans l'autre sans que le pouvoir n'organise de 'consultation'.

Par ailleurs, certains des promoteurs du colloque ne négligent pas pour eux-mêmes l'accession aux divers strates du pouvoir (du plus haut de l’État aux collectivités locales) « il faut s’appuyer sur les pouvoirs locaux, mais cela passe par une participation citoyenne. » écrit un des organisateurs. Le pouvoir, c'est tellement plus efficace évidemment quand on y est soi-même.

On est loin du constat d'Edouard Goldsmith, écologiste de la première heure et fondateur de la revue L'écologiste, qui disait : « ... [ en 1969] je constatais bien que tout ce que faisaient les autorités publiques allait à l'encontre de l'intérêt de la population, en général, mais je pensais que c'était parce que les gouvernants ignoraient les conséquences de leurs actes. J'en concluais alors qu'il s'agissait tout simplement de mettre les élites au courant pour qu'elles changent d'orientation, ce qui, vous en conviendrez, était assez naïf.

En vérité, les politiciens en général se moquent pas mal des conséquences sociales et écologiques de leurs actions. Comme l'a démontré Pierre Clastres, « l’État est l'ennemi de la société ». Il ne peut augmenter son pouvoir qu'en détruisant les structures sociales, donc en réduisant la société à une vaste masse anonyme d'individus incapable de se diriger elle-même. » Il suffit de regarder nos citoyens réclamer sans cesse des interventions de l’État en toutes choses pour résoudre leurs problèmes – au prix d'un contrôle et d'une surveillance permanente d'ailleurs - pour constater la pertinence de ce point de vue.

 

II. Pétrole et après pétrole, ce n'est pas la question :

 

Vient l'autre référence : la polarisation sur la fin du pétrole. Autre axe de réflexion. Fondamental puisque le titre du colloque était, rappelons-le : 'l'après pétrole, c'est aujourd'hui !'

Pourquoi donc partir du manque de pétrole - seulement et précisément - pour envisager que les humains puissent et doivent s'organiser ? Le pétrole est présenté comme la drogue à laquelle il faudrait se désaccoutumer [d]... on admettra volontiers que c'est un trait essentiel du monde moderne que la dépendance (au sens psychologique du terme) des gens à leur mode de vie (consommateur de pétrole) – mais, bien au delà du pétrole, à une foule d'autres marchandises bien plus dérisoires. En fait, dire qu'il faut 'relocaliser l'économie' – ce qui paraît de prime abord une bonne idée - à cause de la pénurie est une façon d'éluder bien des questions. La consommation de produits standardisés donnant l'illusion de la 'qualité de la vie', de médicaments toujours plus nombreux pour supporter ce 'monde merveilleux' du travail et des marchandises abondantes, de nourriture toujours plus avariée ( ...mais traçable ! Merci au pouvoir pour la traçabilité ), etc... à tout ça aussi les gens ont une accoutumance !stac & centrale nucléaire cr

Pour en revenir à l'énergie, le nucléaire accroche les gens (au moins en France) autant que le pétrole. Il est des techniciens appointés par des États, des organismes dépendants de l'ONU qui voient dans le nucléaire LA solution aux problèmes posés par les changements climatiques et la raréfaction du pétrole (oubliant bien vite que le 'carburant' de l'industrie nucléaire est lui aussi en quantité finie sur Terre et donc épuisable sans parler de l'accumulation des déchets sur des milliers d'années). Nos dirigeants en sont à la quête du Graal : le bon 'mix' énergétique qui devrait résoudre le problème. Il est question de dosages entre pétrole, nucléaire, solaire, éolien, géothermie, etc... Faut-il s'impliquer dans de tels conciliabules sous prétexte de démocratie et de transition énergétique ?

Notre société capitaliste - dont le progrès technique est la religion ! – crée au moins autant de problèmes qu'elle en résout. Si l'on considère le manque de pétrole comme l'essentiel on doit bien sûr foncer tête baissée avec tous les pouvoirs – depuis les États jusqu'aux multinationales – vers les énergies renouvelables. Lesquelles - on en conviendra facilement après une brève analyse - ne réduisent pas sensiblement l’état de dépendance énergétique pour n’être finalement même pas renouvelables ; les terres rares, par exemple, indispensables pour toute la haute technologie qu'elles utilisent sont importées de Chine et leur extraction est lourde de la destruction de vastes contrées agricoles et de bien des nuisances (la Chine aura bientôt détruit 60% de ses terres cultivables). L'on ergote bien sûr dans les milieux écologistes sur la fameuse solution à nos problèmes qui serait de « faire des énergies renouvelables une priorité pour les politiques énergétiques des années à venir, celles de la 'transition énergétique'. » [e] Et voilà la transition énergétique. Troisième idée du colloque.

 

III. Transition énergétique :

 

Ses organisateurs joignent leur voix au concert un rien cacophonique de tous ceux qui cherchent l'alternative au pétrole. Alternative de nature aussi bien politique qu'économique[f]. Notre monde [g] qui en est trop dépendant doit se frayer pour sa survie une voie dans laquelle il pourra se refaire une santé. Tout le monde est - en principe - d'accord : depuis les multinationales qui investissent depuis quelques années dans les énergies renouvelables jusqu'aux écologistes les plus virulents.

Mais on ne peut guère avancer si l'on ne commence pas par distinguer ce qu'il faut conserver de ce qu'il faut changer. De fait, si on met gaillardement en œuvre des stratégies pour réduire l'impact de la société industrielle (sur la nature) et qu'en même temps, par ailleurs, d'autres citoyens la détruisent chaque jour un peu plus on ne voit pas comment on pourrait parvenir à une solution. Une des caractéristiques des villes en transition est pourtant qu'il ne faut pas s'opposer, il faut rester dans « la concertation avec les pouvoirs publics », être une « force de proposition » [h], éviter les prises de position politiques, rester dans le ...positif. C'est avec un souci d'efficacité que le mouvement des villes en transition ne veut pas effaroucher ou surcharger inutilement l'esprit des gens par des analyses (trop) politiques. De plus, comme ils le disent eux-mêmes, ils sont optimistes et leur optimisme les empêchent de jeter un regard sur la façon dont toute chose se fait dans ce monde. Soulevons quand même le voile : le mouvement se veut apolitique, c'est tout un programme. Un programme politique justement ! Accepter les États tels qu'ils sont, le jeu politique tel qu'il est (et y participer activement pour certains) c'est bien sûr un parti pris politique. Même en l'assortissant de concertations, consultations, participations, etc...

Globalement, et jusqu'à présent, on en est venu, animé par le même optimisme, à gérer ou accompagner la destruction. A la façon des officines d’État qui, aux États-Unis, renoncent à demander des comptes aux sociétés qui extraient du gaz de schistes sous prétexte qu'elles seraient amenées - si on les pressaient trop - à ne plus les renseigner sur les dégradations qu'elles opèrent. Le pragmatisme, n'est-ce pas ? [i]

Pas étonnant que tous ceux qui prônent cette voie de la discussion avec le pouvoir établi aient couru ventre à terre dans le premier panneau que Sarkozy a bien voulu leur tendre : le 'Grenelle'* de l'environnement. Ils ont soutenu aussi le sommet de Copenhague [j]. Tout ce qui contribue à 'sauver la planète' est bien sûr bon pour eux. Et ils ne manqueront pas de participer aux discussions sur la 'transition énergétique' chère au gouvernement PS-écologiste actuel.

On l'aura deviné : le problème est que, dans les politiques liées au développement durable, il faut sauver... le développement D'ABORD ! En le rendant ...durable ! Qu'il n'y ait pas plus de développement durable que d'économie soutenable, est une idée qui commence à cheminer dans un nombre croissant de têtes mais il est bien des écologistes qui auraient trop à perdre à agir en conséquence, bien installés qu'ils sont dans leurs postes d'ingénieurs, de managers, de députés ou de ministres pour renoncer au développement économique.

 

IV. Circuits courts, relocalisation de l'économie, villes en transition :

 

Depuis quelques années déjà, avant la revendication et la mise en place des villes en transition, ont été initiés des systèmes d'échanges locaux, des distributions en circuits courts. Initiative venant souvent des gens eux-mêmes. Il existe dans la population une volonté diffuse - minoritaire encore mais bien réelle - d'opérer en dehors des circuits commerciaux habituels. On sait que ceux-ci peuvent faire circuler des yaourts 'produits en France' tout autour du monde avant de revenir en France pour y être vendus. Pour la seule raison qu'un service peut être moins cher (malgré les coûts de transport) à Bombay ou Buenos Aires qu'à Marseille ou Béziers. Manière de procéder qui devient insupportable à beaucoup de gens.france pollution20040507

Les villes en transition se présentent donc comme une alternative à ce système manifestement gaspilleur d'énergie. Pour ceux qui participent à cette initiative, on comprend qu'ils y trouvent une satisfaction intense et que l'enthousiasme soit au rendez vous (comme on le voit dans certains documents vidéo). Ceci étant, si cela ne s'accompagne pas d'une critique de la logique qui fait qu'on en arrive aux aberrations du système dominant et bien sûr d'une adaptation des actions en conséquence, l'initiative reste sans grand effet. Or, comme nous l'avons déjà dit, c'est précisément la marque des 'villes en transition' que d'éviter les controverses politiques. Et donc d'entrer en conflit avec le système.

Les exemples de bâtons dans les roues mis par le pouvoir et qui, dans la plupart des cas, finissent par triompher ou par institutionnaliser les pratiques alternatives ne manquent pas : Les réglementations foisonnent qui empêchent le (petit) paysan de s'occuper de sa terre pour le river à son ordinateur et au respect de règles qui n'ont de raisons d'être que si les marchandises circulent à grande échelle. On en arrive à l'obligation de placer une puce électronique sur les animaux d'élevage par exemple. Initiative contre laquelle des petits éleveurs s'élèvent fermement. Globalement, les conditions faites à la petite production sont telles qu'elles aboutissent à l'impossibilité de produire dans ces conditions. L'exigence de traçabilité qui a émergé depuis la 'vache folle' s'applique à tous les produits y compris ceux qui ne sont pas issus de l'agriculture industrielle et aboutit à marginaliser l'agriculture paysanne ou la transformer en entreprises reprenant les canons du système marchand.

A tous les étages et dans tous les domaines la législation impose des règles absconses qui n'ont d'intérêt que pour une gestion globale mais qui s'appliquent à tout un chacun. Sait-on qu'il est interdit de faire entrer un enfant dans une école publique avec un casse-croûte fait maison ? Explication : celui-ci ne respecte pas les normes d'hygiène alors que le sandwich acheté à l'hypermarché, lui, les respecte pleinement. Selon les législations bien sûr. C'est une logique purement administrative qui défie le bon sens et prouve bien que l’État et le marché avancent la main dans la main. Fort heureusement, le bon sens encore en vigueur chez les directeurs d'école leur permet de ne pas faire respecter le règlement ...dans la plupart des cas. 

L'idéologie des villes en transition pourrait tenir du mouvement de relocalisation de la production, circuits courts, etc... et la 'démocratie participative' dont on a un peu parlé. Le tout sans que le système soit jamais affronté dans ses fondements. Autant dire un grand coup d'épée dans les eaux putrides d'un capitalisme vieillissant mais encore plein de ressources.

 

V. Le spectacle de la contestation écologique :

 

« ( Les collectivités territoriales ) jouent, au niveau administratif le plus proche de la population, un rôle essentiel dans l'éducation, la mobilisation et la prise en compte des vues du public en faveur d'un développement durable » (Extrait du chapitre 28 de l'agenda 21). Les suppôts du développement durable ne quittent surtout pas le niveau administratif ! on évoque bien parfois le côté plus 'sympa' de la prise en compte des vues du public mais il est toujours question des collectivités territoriales ; le public étant considéré comme 'éducable' par celles-ci. L'expertise des politiciens doit enseigner et catalyser le peuple ignorant ! on nous décrit là un monde de 'bisounours'. Pas d'opposition, il n'y a que des administrateurs et des administrés. Qui ne demanderaient tous qu'à s'entendre nonobstant l'incompréhension qui est due à on ne sait trop quelle raison mystérieuse [k]. Ce qui peut amener certains des organisateurs à parler des gaz de schistes comme d'un problème de gestion : personne ne peut être pour leur extraction (sous-entendu : ce serait un non sens) et il faut seulement faire comprendre cela à nos élus qui décideront d'une façon conséquente quand ils auront compris ça. Et les foreurs là-dedans ? Ils ne pèseraient pas de tout leur poids en faveur des forages malgré leurs cortèges d’immondices déversés dans les territoires ? Peut-on leur faire comprendre quelque chose alors qu'on voit qu'ils font tout pour que leurs activités soient faites 'discrètement', que les conséquences de leurs actes ne soient jamais trop visibles, que la critique qui leur est adressée soit soustraite au regard des gens. Peut-on atteindre ces gens là par la discussion ? Ou auraient-ils quelque motivation plus forte qui les empêcherait de renoncer à quoi que ce soit ? Sont-ils vraiment mûs par le bon sens et accessibles à des arguments raisonnbles ? Les bénéfices recherchés, la logique du marché sont bien sûr pour eux plus forts que le simple bon sens ?

Dans ce jeu faussé d'avance on a besoin de vedettes pour assurer le spectacle : la télé, les radios qui interrogent toujours les mêmes, l'internet dans lequel on peut ...s'afficher fièrement et communiquer sans trop se mouiller, l'Assemblée Nationale, et même les lots de consolation que sont les assemblées territoriales... ; les places sont à prendre, et les écolo-technocrates pourront y jouer à merveille. [l ] Mais quand il faudra passer à l'action les choses sérieuses s'imposeront d'elles-mêmes [m]. On dira, comme Jospin, que l’État n'y peut rien. Ou bien, comme d'autres, que le nucléaire, c'est l'indépendance de la France ! Ça y est, c'est parti : en Guyane le bateau qu'on avait arrêté commencera bientôt ses forages et le ministre écologiste Canfin nous dit qu'on ne peut pas s'opposer juridiquement aux forages. Ah oui, la continuité de l’État ! Ce sera une mauvaise affaire environnementale ...mais on « gérera » ! Rassurez-vous, on a maintenant pris l'habitude de gérer les nuisances. On ne fait même que ça !baignade-pollution-G.jpg

Quand l'avenir sera très sombre on aura oublié les sommets de Copenhague, de Rio, tous les engagements pris, même les plus infimes et on foncera pour éviter la récession qui est - comme chacun sait ! - bien plus grave que l'apocalypse nucléaire, la prolifération des cancers dus aux industries chimiques et pétrolières réunies, ...

Les écologistes gèrent ! Et ce, tant qu'il n'y a pas « un mouvement né des profondeurs du peuple et des personnes » [n]. Mais ce mouvement ne risque pas de se cristalliser facilement, une des fonctions des écologistes dans le mouvement d'ensemble du système pourrait être précisément d'empêcher l’avènement d'un tel mouvement.

 

VI. Conclusion :

 

« Quelle injustice pour ceux - les écologistes - qui s'affichent comme les défenseurs 'attitrés' de la planète ! » diraient certains. Mais leurs activités politiques sont tellement calibrées par les normes administratives, tellement citoyennes, elles n'épousent aucunement la quête de liberté et d'autonomie et dépendent complètement de l'économie. Pour le gouvernement auquel ils participent « l’économie verte, fondée sur l’innovation technologique, sera l’une des composantes de notre redressement productif ». Aucun recul par rapport à ce système pourtant bien critiquable fait d'incessantes innovations technologiques derrière lesquelle on court et qui justifie toutes les horreurs que l'on subit depuis deux siècles.

De leur part « ...la protection de la nature n'est qu'une affaire scientifique, administrative ou culturelle dont on discute entre spécialistes bien élevés », le gouvernement est devenu leur point de mire. Ils n'ont effectivement plus « peur de la 'perversion institutionnelle' des sphères politico administratives. » [p] Sont-ils les « plus précieux complices » de l’État ? A voir. Et ce n'est pas la 'démocratie participative' des villes en transition qui y changera quoi que ce soit. L'idéologie des villes en transition participe de cette croyance en un très fumeux 'intérêt général' dans lequel tout le monde est censé se retrouver et se reconnaître car selon eux, citoyens, élus, gouvernants, industriels – et pourquoi pas les multinationales ?- nous allons tous nous mettre d'accord pour sauver la planète. Oui mais en « accompagnant les mutations de la société » ! Alors tout est dit. Il ne s'agit plus de changer le monde ...ou la vie ; seulement d'accompagner les mutations vers lesquelles la mécanique de l'économie qui gouverne le monde nous mène.

 

Alors qu'en 1 980 Bernard Charbonneau écrivait que « l'unique entreprise qui ait un sens à l'aube de l'an 2 000 (était de) sauver la nature et la liberté ! » on perd toujours un peu plus celle-ci - sans que les écolos ne s'en soucient aucunement, ils en rajouterait parfois plutôt [q] - au profit de la mégamachine qui produit des marchandises, et nous en rend la consommation 'indispensable'.

« Ainsi se mettra en place un ordre total dans lequel l'exercice concret et quotidien de la liberté n'aura plus de place ; il n'en restera plus que le rituel électoral ; et quant à la nature, ils n'en auront plus que le spectacle. » [r]

Si nous en restons aux 'revendications' que proposent en chœur la gauche, les écolos et les citoyens professionnels nous ne ferons que repousser les problèmes un peu plus loin pour un peu plus tard ...mais toujours plus graves.

 

[a] dans le programme de la journée.

[b] A moins que les organisateurs - à l'instar du comité Nobel - n'aient d'yeux que pour les personnages que les médias mettent bien en vue et passent totalement sous silence tous les autres qui ne manquaient pas d'initiative et de courage mais de projecteurs, de journalistes et de structures étatiques à leur côté. Voir le cas - emblématique à cet égard - du vice président américain Al Gore qui a écopé d'un prix Nobel de la paix pour son action ...écologique. Action à ce point énigmatique que son enrichissement personnel depuis qu'il s'y est mis pose problème aux autorités qui ont enquêté sur la façon dont cet enrichissement a eu lieu.  

[c] Exception notable doit être faite pour le club de Rome qui dès 1972 met en question le développement économique - il faut le souligner – ceux-ci étaient des technocrates un peu plus lucides qui s'étaient déjà frottés à la gestion des affaires d'assez près, ils savaient donc de quoi ils parlaient. Peut-être qu'un technocrate devient complètement sourd et aveugle aux ravages de l'économie dès qu'il accède au pouvoir ...!

[d] d'après Wikipédia, « le mouvement a développé une théorie psychologique inspirée de celle des traitements des dépendances psychologiques  pour tenter de traduire le désespoir ou le déni souvent consécutifs à la découverte du pic pétrolier et de notre dépendance au pétrole en actions concrètes. » voir aussi le terme de résilience maintenant très en vogue dans le jargon médical.

[e] Miguel Amoros. Lire la page  Energies renouvelables Transition énergétique

[f] Ces recherches se font dans les multinationales qui y voient un « formidable gisement de croissance » (Sarkozy) et dans la tête des politiciens qui y voient une voie pour s'en sortir : la résilience dont parlent les promoteurs des villes en transitions. Mais se sortir... de quoi donc ?

[g] Notre monde - de l'économie, du capitalisme - notre société industrielle est aussi peu la nôtre que ne l'est notre industrie nucléaire, notre industrie chimique, etc.... Sans oublier notre démocratie (de politiciens professionnels). Nous sommes bien d'accord que si le monde est tel qu'il est, c'est qu'une bonne partie de la population le supporte, voire le désire ou le veut bien ainsi. Certes, jusqu'au jour où... la goutte d'eau fera déborder le vase.

[h] site de Béziers en transition. 

[i] Sauf que « ce qui fait le pragmatisme, c'est l'indifférence à l'égard de la vérité » René Guénon.

[j] et les concerts ( tellement cool ! ) qui furent vendus avec .

[k] Ils attendent leur nuit du 4 août où toute la Nation s'est accordée. Ils oublient qu'avant le 4 août il a fallu passer par le 14 juillet et la prise de la Bastille ( entre autres ).

[l ] « A condition bien entendu de n'exercer leur talent qu'au théâtre ! » Bernard Charbonneau. 'Le feu vert' 1980.

[m] « l'écologie, ça commence à bien faire ! » dixit le promoteur du Grenelle de l'environnement.

[n] Bernard Charbonneau. 'Le feu vert' 1980. Comme le dit Cohn Bendit qui sait pour une fois de quoi il parle : "Europe Ecologie Les Verts ne sert à rien d’autre qu’à assurer des carrières."

[p] "Vert contact" mensuel national des Verts en 1 986. A noter que certains jeunes technocrates ne se posent vraiment plus ce genre de questions. Pour eux, il est évident qu'il faut participer à cette 'perversion institutionnelle' … Les scrupules dans ce domaine datent de l'époque où les écolos avaient envie de changer le monde. Belle lurette qu'on y est plus.

[q] lire « L'enfer vert » Tomjo editeur

[r] Daniel Cérézuelle

 


* Grenelle est devenue l'emblème de la négociation entre Etat et 'contestataires' alors que ce fut en 1 968 plutôt la marque de la reddition des syndicats face à l’État. La CGT de retour dans les usines Renault s'en faite huée et fut prise à partie par les ouvriers. Souhaitons que la population soit au moins aussi avisée à chaque 'Grenelle' qu'à cette époque.

** voir  Une manipulation de plus : les débats sur les nanotechnologies 

  

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 


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